En Russie, c’était un jour normal. Normalement normal même. Si ça veut dire quelque chose. Bref, comme à son habitude après s’être levé, Ivan voulait aller discuter bien gentiment avec ses trois colocataires avant d’aller manger. Bon il les aurait peut-être un peu martyrisés au passage. Ou torturés mentalement. Ou les deux. Mais pour lui ça revenait à une discussion normale. Après tout il pouvait bien s’amuser un peu non ? Sinon la vie serait trop morne. Déjà que le paysage c’était pas terrible ici, il ne pouvait pas passer le temps en regardant par sa fenêtre, il fallait bien trouver autre chose. Sauf que. Bah sauf que les trois nommés au-dessus étaient partis en fait - belle déduction- donc il dut trouver autre chose. Et son passe-temps du jour pendant son petit-déjeuner fut…Fut de relater l’histoire de la salière. Salière qui a trois jours pile. La dernière ayant finit ses jours dans la gouttière. N’allez pas chercher le comment du pourquoi, vous finiriez par vous arrachez les cheveux et devenir chauve. Ce que je ne souhaite à personne, sincèrement.

Il porta donc son attention sur la nouvelle salière, qui ne tarda pas à se trouver emprisonnée au fond de la saucière vide à cause du méchant sucrier jaloux d’elle parce qu’on l’utilisait plus souvent pour préserver le poisson par exemple. Il espérait ainsi que les personnes voulant utiliser la saucière, ayant la mauvaise surprise  de trouver la salière dedans, la jette. Parce qu’elle ne se trouvait pas où elle devait être. Son plan machiavélique aurait sans doute fonctionné s’il n’avait pas oublié de prendre en compte le poivrier ! Ami de table de salière depuis 1562. Une si belle amitié ça ne se brise pas aussi facilement ! Avec l’aide de couteau qui devait le propulser vers la salière, poivrier…Poivrier finit sa course lamentablement à travers une vitre. Oops. Sucrier allait donc avoir ce qu’il voulait ? Raah. Méchant couteau ! En fait, il était de mèche avec sucrier depuis le départ et a fait exprès d’éloigner poivrier jusqu’à le lancer à travers une fenêtre ! MAIS OUI ! Couteau a une liaison avec les fraises du bac dans la cuisine ! Il n’en pouvait plus d’attendre. Il voulait pouvoir traverser leur chair si moelleuse. Et pour que l’on mange des fraises, il fallait manger sucré. Donc éliminer le sel. Donc éliminer poivrier le sauveur de salière. CQFD.

…C’est pas tout ça, mais y a une fenêtre brisée maintenant, c’est malin. Il faudra qu’Ivan songe à faire comprendre à couteau qu’il ne peut plus faire ça. Et pour qu’il le comprenne bien, il faut régler ça avec la violence. Cela fait depuis un bon bout de temps que le russe a compris que sans violence, on ne pouvait pas aller bien loin dans ce monde. Il décida donc de frapper méchant couteau. Qui se vengea immédiatement en lui entaillant la main. Le fourbe. Si c’est comme ça, Ivan libère salière. Et on dirait que j’écris pour le jeu Pokémon. Bref. Maintenant que salière n’était plus sous la coupe du tyran sucrier et de son sbire couteau, il fallait peut-être qu’il s’occupe de sa blessure de guerre, bien qu’il ait connu pire. Soupirant légèrement, il se leva de sa chaise et sorti de la salle, laissant ses affaires. Il y aurait bien quelqu’un pour passer derrière lui et ranger de toute manière non ? Certaines personnes savaient très bien ce qui les attendait si jamais la fenêtre n’était pas remplacée pour demain. ...Une nouvelle fois quelque chose tilta dans sa tête. Genre une grande enseigne "Tu es seuuuuul. Seuuuul!" mais il réussit à l'ignorer. Les mouches ou la neige qui allait peut-être passer par la fenêtre pouvait le faire non? D'accord il s'en occuperait. Mais peut-être pas dans l'immédiat.

Ivan se dirigea donc vers sa salle de bain, mais alors qu’il allait passer la porte, plus que normalement, il se retrouva subitement dans le noir et se prit…Se prit une surface dure en pleine figure. Lâchant un grognement, il se tint le nez durant quelques instants, avant de porter son autre main à la dite surface. Les plombs avaient sautés ? Il y avait une nouvelle panne d’électricité ? …D’accord il pouvait faire noir mais pas à ce point-là. Et à ce qu’il sache il n’avait pas de…de tissu dans son couloir. Il essaya de faire demi-tour, mais en vain. Une autre surface semblable à la première vint lui bloquer le chemin. Quelle était donc cette conspiration ? Bon. Réfléchissons un instant. Il était tranquillement chez lui. Il n’avait rien fait de spécial. Et il se retrouvait là enfermé pour une raison plus qu’inconnue. Dans un endroit inconnu. Il fallait se creuser les méninges, garder son sang-froid et trouver où l’on était. Okay. On prend la méthode la plus simple et la plus efficace. On frappe tout et essaye de détruire tout à coup de robinet. C’est très réfléchit. Comme quoi, ça servait bien d’avoir un robinet en métal sur soi hein. Qu’on ne vienne plus le critiquer à ce sujet.

Il s’apprêta à donner un grand coup sur cette vile surface qui au dernier moment…Disparut. Apu. Ce qui fait qu’Ivan, avec l’élan qu’il avait pris pour la frapper s’étala de manière plus que gracieuse en avant. Une baleine en train de s’échouer sur une plage aurait pu se reconnaître très facilement je pense. Mais là n’est pas la question. Face à la subite lumière aveuglante, le Russe fut contraint de fermer les yeux quelques instants avant de les entrouvir et de voir Arthur en face de lui. …. .  …. . Ouate de phoque ? Toute cette histoire allait finir par lui donner mal à la tête à force.

« -Eeeeeh ? »

Meilleur réplique de toute l’Histoire de l’Humanité entière. En même temps vous auriez dit quoi à sa place hein ? Enfin, il décida de s’asseoir au moins par terre, s’époussetant afin de faire face à…A une armoire. Qu’Arthur avait dû ouvrir. C’était donc une armoire qui l’avait tint prisonnier durant ces quelques minutes ? Conna…Areum. Il regarda autour de lui et remarqua qu’il…Qu’il n’était absolument pas chez lui. Déjà il faisait plus chaud, puis la décoration n’était pas du tout la même. Il finit par tourner une nouvelle fois sa tête vers le blond.

« -…England ? Tu n’as quand même pas recommencé à essayer d’invoquer, da ? »

Non parce que si maintenant il lui pourrissait la vie sans s’en rendre compte, c’était moins drôle hein. Là il venait de casser tout l’effet chieur avec sa venue magistrale. Si c’était le cas, il devrait travailler sur le sujet. Ou alors se préparer à l’enquiquiner en permanence. …Mais quand même. L’Anglais n’avait pas du essayer d’invoquer. Qui irait invoquer un truc dans son armoire franchement ? Personne je pense. Sauf une personne qui a envie de se débarrasser des vieux manteaux que sa grand-mère lui a donné en pensant que ça ferait plaisir.

Toujours assis par terre, Ivan continua de regarder autour de lui, espérant avoir soudainement une quelconque illumination. Sauf qu’elle ne vint pas. Alors il continua de regarder, essayant de trouver des indices. Qu’est-ce qui aurait bien pu l’emmener ici ? Non mais c’était assez pratique. Imaginez le jour où il voudrait faire une attaque surprise chez l’Anglais, ce serait beaucoup plus simple d’arriver par son armoire. Et beaucoup plus surprenant aussi. Pfeu, déclarer la guerre, c’était dépassé maintenant. Quoi ? Non rien à foutre du truc qui braillait à côté. C’était plus intéressant d’admirer la décoration le cul à terre. C’était la première fois qu’il venait dans cet endroit alors il avait bien le droit de regarder un peu hein, on ne va pas l’empêcher d’attiser sa curiosité. Ceci dit, même s’il ne faisait absolument pas mine de l’écouter, on aurait même plutôt dit qu’il l’ignorait en fait, il enregistra ce que le blond était en train de lui dire.

Une chose était sûre. Ce n’était pas l’Anglais qui avait réussi à le ramener ici. Ca aurait été trop beau dans le cas contraire. M’enfin, ça n’allait certainement pas attrister Ivan qui lui ne cherchait que de la compagnie. Certes Arthur n’était certainement pas son premier choix dans les personnes qu’il avait envie de voir, mais tant qu’il n’atterrissait pas chez Biélorussie, tout allait bien dans le meilleur des mondes. Et ce qui était aussi certain pour le moment, c’était que l’Anglais n’était pas de très bonne humeur. Voir pas du tout. Peut-être qu’il s’était mal réveillé. A cette pensée, Ivan fronça légèrement les sourcils. Lui-même ne s’était pas levé il y a tant de temps que ça. Et à ce qu’il sache, il y avait un décalage horaire entre son pays et celui du truc braillard à côté de lui. Il se levait à quelle heure exactement l’hurluberlu ? Le Russe se mit donc à la recherche d’une horloge du regard, et ses recherches furent fructueuses.

« -Eeeh….Tu te lèves toujours aussi tôt ? Mh, c’est bon à savoir pour le jour où je déciderai à t’envahir, il faudra que j’évite ces heures-ci pour être certain que tu dormes encore… »

Et n’ayant toujours pas eu de réponses à sa question existentielle du moment, qui était rappelons-le, « Comment peut-on atterrir dans l’armoire d’Arthur en allant simplement dans sa salle de bain », Ivan se mit une nouvelle fois à réfléchir, regardant le plafond dans un premier temps. Dans un deuxième temps il sorti un biscuit de son robinet qu’il avait toujours en main, et dans un troisième temps il se dit qu’il faudrait peut-être répondre à l’Anglais. Bien que l’ignorer ne le dérangeait pas plus que ça. Mais autant éviter de se faire virer de là à coup de pied alors qu’il vient de réussir à trouver quelqu’un avec qui passer du temps, même s’il n’a pas la moindre idée de comment il a réussi à aller jusque chez lui.

« - Je ne sais absolument pas comment je suis arrivé chez toi, je voulais aller dans ma salle de bain et puis…Eh. Je me suis retrouvé dans ton armoire. C’est pas de chez toi cette histoire d’armoire qui amène dans un autre monde merveilleux ? C’est…Peut-être ça en fait. Tu aurais cette armoire chez toi et mon pays c’est ledit monde merveilleux. Sinon je n’ai pas un problème avec toi mais plusieurs, et je compte bien les régler un jour, de manière nettement plus amusante que d’arriver par une armoire. »

Ivan lui servit un sourire enfantin, avant de finir son biscuit et de se relever complètement, s’étirant légèrement. On ne pouvait pas vraiment dire que son ossature avait réellement apprécié l’atterrissage, bien que cela aurait pu être pire. Dégageant les mèches de son front d’un geste de la main, il remarqua au passage qu’il ne s’était toujours pas occupé de ce que lui avait infligé sir couteau le Barbare. Baissant le regard vers l’Anglais, il pencha légèrement la tête en tournant sa main vers lui.

« - Je pourrais t’emprunter deux minutes ta salle de bain ? A la base, c’est ce que je voulais faire avant de me retrouver ici, da… »

Il regarda sa propre main d’un air soucieux, bah ouais on ne sait pas ce qu’a pu inventer le vil couteau peut-être qu’il était empoisonné !, avant de reporter son regard sur l’Anglais. Qui allait peut-être croire qu’il se fichait encore plus de sa gueule. Qui irait croire ce qu’il venait de dire ? « Bonjour ! Je suis dans ton armoire mais je sais pas comment j’y suis arrivé. » Bah. Il n’avait strictement rien à se reprocher, après tout il savait parfaitement bien que c’était la vérité. Et ce n’était pas un gars qui parle soi-disant aux licornes et aux fées qui allait lui faire la morale là-dessus.

« -Et même si ça n’aurait pas été une blague de très bon goût, elle aurait quand même été meilleure que les tiennes. »

Ivan prit un air boudeur, même un gosse de trois ans qui commence à faire une crise ne pouvait pas rivaliser, bien qu’il ne soit pas réellement vexé. Encore heureux. Et encore heureux que la comparaison avec le gosse de trois ans s’arrête là. Ou alors l’Anglais peut dire au revoir à sa tranquillité plus vite que prévu. Non mais franchement. Si le Russe se mets à se rouler à terre en tapant des poings parce qu’on vient de dire que ses blagues n’étaient pas drôles, …Je pense pas que le mot tranquillité viendrait se pointer dans la maison. M’enfin, après tout, on peut avoir pire me direz-vous. Mais il ne vaut mieux pas donner de trop mauvaises idées à Ivan, il serait capable de faire n’importe quoi si on lui en donnait l’idée. Quitte à ce que la bâtisse prenne feu. Bah. C’est pas comme si c’était chez lui hein, alors que ce soit en feu ou que ce soit intact, ça reviendra parfaitement au même. Sauf que ses relations se dégraderont peut-être avec Arthur. Peut-être seulement.

Ivan pouvait désormais conclure une chose de sa venue –surprise-. Au moins l’anglais avait visiblement plus de goût pour la décoration que pour la cuisine. Mais le lui dire maintenant, alors qu’il ne semblait pas spécialement heureux d’avoir un invité –mais pourquoi donc ?- était sans aucun doute la dernière chose à faire. Donc le russe préféra se taire sur ce point, il est pas suicidaire non plus, préférant le garder jusqu’au moment où soit son interlocuteur lui faisait une remarque déplaisante, soit tout simplement …pour le plaisir de le voir s’énerver ? …Mais pour le moment il l’amusait plus qu’autre chose. Lui faire regretter une quelconque invasion ? Il aimerait bien voir ça, même s’il savait qu’il n’en sortirait sans doute pas indemne, fallait pas non plus le sous-estimer. Même si ce n’était absolument pas dans ses plans pour le moment, il ne put s’empêcher d’avoir un sourire en coin, brisant durant quelques instants l’air enfantin qu’il arborait sur son visage.

« -Ufu~ Calme-toi, ce n’était qu’une constatation ! Et ne t’inquiètes pas, ce n’est pas encore dans mes intentions~ »

Et puis même si ça l’était, il devrait tout d’abord avoir le feu vert de quelqu’un d’autre. Et ce quelqu’un d’autre, était certaaaainement plus occupé ailleurs que de vouloir essayer d’envahir l’Angleterre, sur un coup de tête, tout simplement parce qu’elle détient des armoires stupides et spéciales qui crachent sa propre nation. …D’accord, l’armoire s’est juste contentée de le contenir entre ses planches, mais encore un peu et si l’anglais n’était pas arrivé, elle aurait certainement souffert. Le russe regarda quelques instants son interlocuteur, qui semblait vouloir lui dire par le regard de déguerpir au plus vite, ce que bien évidemment il ne ferait pas hein, préférant plutôt se faire la réflexion que malgré le fait que l’anglais soit toujours en pyjama, sa coiffure elle, n’avait pas l’air d’avoir beaucoup changé de d’habitude.

Mais bon, il n’allait pas en faire tout un foin, surtout que ça n’allait strictement rien changer à sa vie que son interlocuteur se coiffe ou non. Il se mit donc à fixer vaguement un point imaginaire, un peu plus haut que l’épaule d’Arthur, et se mit à dodeliner un peu de la tête, sans rythme particulier, semblant plutôt avoir une chanson en tête dont il n’aurait pas réussi à s’en débarrasser. Il commença d’ailleurs à fredonner légèrement, avant d’entendre l’autre blond parler de sa grande sœur. Comme si avoir prononcé ce nom avait déclenché quelque chose, le russe arrêta subitement de bouger, ne serait-ce que d’un millimètre, fixant durant quelques secondes le même point imaginaire, avant de baisser lentement son regard, devenu glacial, vers Arthur. Si il y avait bien un sujet sensible à éviter pour l’instant, c’était justement la relation avec sa sœur aînée. Retroussant légèrement sa lèvre supérieure, il reprit la parole, nettement plus froidement qu’avant.

« - Oh, mais il y a un moyen très simple de l’éviter. » Qui ne conviendrait certainement pas aux autres pays, mais peu lui importait pour le moment. « -Et désolé de te contredire, mais cette affaire ne te concerne pas le moins du monde. »

Même s’il ne croyait lui-même pas ses propres paroles, bien évidemment que ça le concernait indirectement, il n’avait pas la moindre envie que les autres se mêlent à cette histoire, bien que ce soit désormais trop tard. Le russe ne se mêlait des affaires des autres que très rarement, au point de paraître plus servir de décoration qu’autre chose à certaines réunions, et il détestait lorsque les autres venaient mettre leur nez dans les siennes – qui il faut bien l’avouer, n’étaient pas tout ce qu’il y avait de plus juste et clair, au contraire-. Tirant un peu sur son écharpe, pour la resserrer, il baissa quelques secondes, y enfouissant le bas dans ladite écharpe, fermant les yeux, avant de relever la tête, un nouveau sourire enfantin accroché aux lèvres.

« -Ufu~ »

Il était clair et même limpide que même si en apparence, il semblait faire comme si de rien n’était, si l’anglais continuait sur sa lancée, en continuant de lui parler de sa sœur, Ivan n’allait pas en rester là. A vrai dire, il était même déjà en train de penser à plusieurs manières de le faire taire, juste au cas où. …Eh ? Il venait de l’envoyer absolument pas subtilement se faire foutre là ? Durant quelques secondes, son sourire retomba une fois de plus, le russe haussant légèrement un sourcil face aux propos de son interlocuteur, avant de le reprendre, un peu plus forcé cette fois et surtout une aura pas spécialement rassurante s’y  dégageant. Il pencha un peu la tête sur le côté avant de poser sa main blessée contre la porte de l’armoire, la faisant descendre lentement, y laissant une légère trace rougeâtre.

« -Oops. Tu m’excuseras, mais puisqu’apparemment, ici les gens de mon espèce ne peuvent avoir accès à l’eau et aux pansements, il fallait bien que je trouve une autre issue, da ? Et pour te contredire une nouvelle fois, je te ferais remarquer que c’est exactement TON armoire, ou alors ta maison dans les deux cas, ça revient au même, qui m’a fait venir ici. Parce que je t’assure que pour rien au monde je ne cherchais ta présence. Aussi, j’aimerais bien dégager d’ici comme tu dis, mais j’aimerais bien comprendre comment je suis arrivé ici, afin d’éviter que cela ne se reproduise. Face à ce…Placard à balais ? Ou maison, si tu préfères, je t’assure que je préfère rester chez moi, дебил. »

Il finit par laisser retomber sa main, regardant désormais sa plaie d’un air mi- intéressé, mi- soucieux, avant de mettre quelques instants son autre pouce en bouche, appliquant par la suite de la salive sur ladite blessure. C’était ce qu’il y avait encore de mieux à faire, et la seule chose d’ailleurs qu’il pouvait faire pour le moment.

« -Si ça se trouve, ça marche aussi dans l’autre sens. Auquel cas, je te souhaite que cela ne t’arrive pas le soir ou pendant la nuit, on aime pas tellement les intrusions nocturnes chez moi, et nous n’avons pas spécialement pour habitude d’être cléments avec eux. Sauf si c’est une erreur, que la personne s’explique, et qu’en plus on remarque qu’elle est blessée, comme on nous a inculqué la politesse on ira même jusqu’à lui laisser la possibilité de se soigner, de lui offrir ces soins, avant de trouver un moyen de la renvoyer chez elle. »

Dans un cercueil. Mais ça on est pas obligé de le relever ici. Ce n’est qu’un touuut petit détail. On ne lui a pas demandé de quelle manière il allait renvoyer ladite personne dans son pays hein. Et au pire il inventerait quelque chose, le blond avait toujours assez d’imagination pour trouver quelque chose à dire dans ces cas-là alors bon.

Heureusement pour tout le monde, l’Anglais ne sembla pas vouloir s’attarder sur le sujet épineux, qui poursuivais maintenant Ivan depuis plusieurs semaines, qui lui avait valu bon nombre de reproche, de plainte, de menaces (…Dont il se fichait complètement, disons-le tout de suite), etc, etc. Pft. Si maintenant on ne pouvait plus faire un référendum sans être tranquille, où va donc le monde ? A vrai dire, il ne sait même pas comment il aurait réagi si son interlocuteur avait osé critiquer ou faire une quelconque remarque. Sans doute que son robinet aurait servi. Et pas qu’un peu. Même si ce n’était pas la solution qu’il préférait, la violence avait au moins l’avantage de tout régler facilement, du moins de son point de vue, c’est ce qu’on lui avait toujours appris.

Mais bon. Rien de tout cela ne dût arriver, grâce à l’intervention de…sa main ? Ce n’est sans aucun doute ça qui lui évita le sujet. A la place il se retrouva face à…un…truc braillard.  Wow wow wow. C’est bon. C’est une armoire. Des planches en bois. Mises ensemble. Pas de quoi en faire tout un plat hein. Lui il avait bien une fenêtre cassée, ce qui était sans doute plus grave, et il ne s’en plaignait pas. Alors une minime tache, qu’il ne verrait sans doute plus dans trois jours parce qu’il s’y serait habitué, c’est pas la fin du monde non plus. Toujours avec son sourire, le russe pencha un peu la tête avant de regarder l’armoire en question.

« -Enchanté~ »

S’ensuivit ensuite un flot continu de…D’injures sans doute. Il ne les saisit pas toute, de toute manière il s’en fichait un peu, et se contenta de le regarder comme si de rien n’était. Au moins, ça lui permettait d’une part de se calmer lui-même en essayant de penser à autre chose et deuxièmement cela lui permis aussi de se rendre compte que…Que la langue de son interlocuteur, ne se prêtait pas vraiment aux insultes. Mettez un russe à côté qui s’énerve, et là ça aura un plus gros impact. A vrai dire, même sans vouloir insulter les autres, les consonances de sa langue maternelle pouvait en donner l’impression. Et alors qu’il était en train de se perdre dans ses pensées, il revint de manière plutôt brutale, manquant de tomber en sentant qu’on le tirait. Heureusement, il arriva à ravoir un équilibre avant de s’étaler sur le sol, et mis quelques secondes avant de pouvoir suivre en marchant normalement l’anglais qui le tirait toujours.

Et il ne daigna le lâcher que lorsqu’ils furent…dans la cuisine visiblement. Ou la salle à manger. A moins que ce ne soit les deux. Il en avait rien à faire en fait. Un endroit où y a de la bouffe et où on peut manger. L’endroit le plus intéressant de la maison en soi. Bien. Au moins maintenant il connaissait son emplacement. Ce qui ne lui servirait pas à grand-chose. Même si manger, tout ce qui lui passait sous la main, était une de ses activités favorites, il n’en avait pas toujours la possibilité et puis…Et puis pour lui, la nourriture était tellement sacrée qu’il ne pourrait se résigner à en voler à quelqu’un d’autre. C’était impensable en quelques sortes. L’anglais lui indiqua une place, qu’Ivan inspecta quelques instants, ne s’y asseyant pas tout de suite. Simplement par fierté. Et de nouveau simplement par fierté, il ne s’assis pas sur la chaise démontrée, mais sur celle juste à côté. Trois ans d’âge mental et on s’en porte bien.

Alors que jusqu’à maintenant, en tout cas depuis qu’il était entré dans la cuisine, il s’était évertué à garder un air le plus impassible possible, il ne put s’empêcher de froncer légèrement les sourcils, intrigué autant par ce que l’anglais venait de poser sur la table que par la quantité. Eh…C’était un moyen de le déstabiliser peut-être ? Mettre toutes ses réserves jusqu’à la fin du mois sous son nez en espérant lui faire croire qu’il pouvait se permettre de manger autant ? Ahaha. Pathétique. Merci mais il ne tomberait pas dans le piège. En plus, il ne lui proposait rien, ce n’était sans doute pas par méchanceté, mais parce qu’il ne pourrait pas se le permettre. Donc aucune raison d’être offusqué. Pensait-il.

Enfin. Il détacha quelques instants son regard du petit déjeuner, lorsqu’on lui posa une question. A laquelle il ne répondit que par un haussement d’épaules. Il n’y avait pas de réponse à fournir à par celle qu’il ne lui mentait pas, que ça ne lui servirait strictement à rien. Le blond retomba donc bien vite dans la contemplation du petit-déjeuner de son interlocuteur. Mauvaise idée, même s’il ne voulait rien laisser transparaître, son ventre le fit à sa place, s’exprimant librement. Pfeuh. Le russe fit de nouveau comme si de rien n’était, évitant quand même le regard de la personne en face de lui. Laissant ses doigts blanchâtres pianoter sur la table, il se mordit un instant l’intérieur des joues avant de se redresser légèrement.

« -Eh…Tu manges ça tous les matins ? »

Trop tard. Il n’avait pu s’empêcher de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis désormais quelques minutes. S’il répondait par l’affirmative… Il tomberait certainement dans une phase où il se poserait des tonnes de questions existentielles. Dont celle « Pourquoi suis-je forcé de restreindre le nombre de biscuits à mettre dans mon robinet alors qu’il y a encore plein de place ? ». Le regardant finir son petit-déjeuner d’un air désormais envieux, un peu à la manière d’un chien qui vous fixe dès que vous mangez de la viande, il remarqua à peine l’anglais parler seul, d’ailleurs s’il le remarqua, ce ne fut que grâce à la fin du scone qu’il mangeait. Se secouant un peu la tête, il se força à le regarder dans les yeux cette fois-ci, mettant ses mains sur ses genoux.

« -Eh…Etrange ? Dans quel genre ? »

Bon visiblement, cela venait de son côté le problème et pas du sien. Ce qui était une bonne chose en soi. Merci mais si maintenant il devait éviter d’aller dans sa salle de bain, sous peine de se retrouver dans l’armoire de l’anglais…Il péterait sans doute assez vite un câble. Et son interlocuteur actuel aussi. Quoiqu’il en soit, il le suivit tranquillement jusqu’à sa chambre, regardant l’armoire.

« -Magie ? Tu veux dire que quelqu’un serait venu jusque chez toi…Trafiquer ton armoire ? Mais...personnellement j’étais juste en train d’aller dans ma salle de bain, tu penses qu’il y aurait aussi un… « problème » de mon côté ? »

Une fois de plus, au risque de se répéter, il préférait quand même éviter la prochaine fois de se retrouver autre part que dans sa propre salle de bain. Encore aujourd’hui il, cela n’avait pas vraiment posé problème, mais il aimerait quand même bien éviter de se retrouver en serviette un soir ou un matin, chez une autre nation.

Ignoré. Purement et simplement ignoré. Soit, une nouvelle fois, il n’avait pas dit ce qu’il fallait, soit il se fichait ouvertement de sa gueule. Et ne voyant absolument pas ce qu’il avait fait de travers, après tout, si on ne pouvait plus demander aux personnes ce qu’elles mangeaient le matin, on risquait de ne pas aller bien loin dans la vie, Ivan en concluait donc que c’était de la méchanceté gratuite. – Si il est bien placé pour en parler, okay ?- Vous vous doutez bien qu’il n’allait certainement pas laisser passer ça. Il fallait bien faire comprendre à l’Anglais que non, ça ne se faisait pas d’ignorer les gens, encore moins si le gens en question, c’est le plus grand pays du monde. Et pour lui faire passer le message, le russe eu l’idée du siècle. Faire la même chose que lui.

Ce qui ne s’avéra pas des plus faciles au début, étant donné que l’autre blond l’ignorait, il était donc difficile à Ivan de l’ignorer mutuellement. Il se contenta donc de garder les bras croisés en gardant le silence. Il n’y avait que ça à faire de toute manière. Tant pis, il le bouderait sur une durée de temps plus longue si c’était comme ça. Au moins le temps qu’il s’en rende compte, ce serait peut-être une bonne idée. Le but quand même est que ça enquiquine son interlocuteur et pas l’inverse. Cependant, quelques minutes plus tard, sans pour autant encore réussir à arriver à son but, ce fut plutôt l’anglais qui l’exaspéra, rien que par sa manière de parler. Et puis en plus, il ne comprenait rien. Il faisait déjà l’effort de parler anglais, alors si son interlocuteur ne mettait pas un peu plus du sien en soit parlant moins vite, soit utilisant des mots plus simples, le russe sentait qu’il allait bizarrement et soudainement oublier tout mot anglais.

N’ayant pas spécialement envie de trop se creuser les méninges, Ivan décida donc de décrocher complètement des paroles de l’anglais, même si elles le concernaient, et préféra porter son attention sur le mur, qui après tout était vachement intéressant. La seule chose que le russe suivit, fut qu’il voulait s’inviter chez lui, point final. Il hésita un instant à refuser net, le tout en lui faisant un grand sourire mais…Mais il n’avait pas spécialement envie que cela se reproduise. Encore s’il pouvait atterrir chez quelqu’un d’autre, par exemple Amérique, ce serait nettement plus intéressant et amusant, autant ici…Non merci. Il n’avait donc pas vraiment le choix ni l’intérêt de refuser la venue de l’autre bouffon, malheureusement. Et si jamais il échouait avec sa « magie » il ne se priverait pas de se moquer de lui. Pendant des siècles.

Les bras croisés, et négligemment appuyé contre le mur, Ivan attendit le retour de son interlocuteur, et une fois que ce fut fait, évita de faire tout commentaire, bien qu’il dût s’empêcher de laisser échapper un sourire. Même s’il semblait avoir prévu de quoi ne pas avoir trop froid, ça ne serait sans doute pas suffisant. Bien sûr, ils seraient à l’intérieur, mais il n’a jamais dit qu’il avait le chauffage. Naaan. C’est tellement mieux le poêle. Mais il laisserait à l’autre blond la joie de le découvrir plus tard, après tout, s’il se souvenait bien, c’était bien la première fois qu’Arthur venait chez lui. Et peut-être la dernière. Bref. Ils allaient pas non plus rester là durant la journée entière. Sans dire un mot, -bah ouais, il le boudait, vous aviez oublié ?- il daigna se décoller du mur et se mit en route, ne faisant pas spécialement attention à l’allure du blond, ni même à essayer de prendre la même allure que la sienne ou encore à proposer son aide pour porter quelque chose. Prt. Il n’avait qu’à suivre.

Il ne daigna s’arrêter qu’une fois à destination, devant l’immense bâtisse, qui extérieurement, ne semblait pas avoir beaucoup changé depuis des années, toujours aussi imposante. Le russe prit tout son temps pour ouvrir la porte principale – ce serait dommage que son hôte surprise ne reparte sans avoir pu goûter au temps qu’il faisait à l’extérieur hein- et après quelques minutes, le laissa enfin rentrer, refermant la porte derrière eux. Retirant enfin son manteau ainsi que ses gants, tout en gardant son écharpe, faut pas rêver non plus, il les accrocha à l’entrée, avant de regarder quelques secondes l’anglais. Lui proposer quelque chose à boire ? …Niet. Peut-être après s’il était calmé. Pour le moment, il allait se contenter de l’amener à sa salle de bain.

Toujours sans sortir un mot, il se mit donc en marche à travers les longs couloirs, connaissant –heureusement- le chemin par cœur. Après tout, la bâtisse n’avait absolument pas été conçue pour habiter qu’une seule personne, bien au contraire. Même lors de l’ère de l’URSS, elle n’était pas remplie, et aurait encore pu accueillir par mal de monde. Maintenant, même si Ivan se refusait de la laisser à l’abandon, même si elle avait encore l’air en bon état, le manque de vie se faisait cruellement ressentir. La seule autre forme de vie présente dans la bâtisse étant une grosse boule de poil plus large que haute, qui ne tarda pas à se pointer une fois qu’Ivan arriva près de sa salle de bain, la montrant d’un geste de tête à Arthur.

« -C’est juste là. Je sais pas ce que tu veux fairrre maintenant. »

Mauvaise foi quand tu nous tiens. Décidant de ne plus faire d’effort pour son accent, le russe se pencha un peu par la suite, prenant son chat dans ses bras avec, avouons-le, un peu de mal. C’est que depuis le temps, ce n’était pas spécialement un poids plume. Mais il ferait avec, lui au moins le laissait le prendre dans ses bras, l’écoutait et ne le fuyait pas/ne rechignait pas ses câlins. Brave bête.

C’est maintenant qu’on allait pouvoir bien rire. Intérieurement. Parce qu’au final, se moquer des gens n’était pas l’occupation première du russe. Non, il ne se moquait ouvertement que des personnes dont on lui avait dit de se moquer, c’est parfaitement différent. A vrai dire, si l’on voulait connaître le blond, il ne vaudrait mieux pas se fier à ses propos. Mensonges et textes apprit par cœur à n’en plus finir. Mené à la baguette, strictement rien n’était laissé au hasard, ou presque. Même en étant une nation, cela n’empêchait pas Ivan d’avoir une conscience et son propre avis sur les choses. Bien que tout le monde s’en fichait éperdument et que certaines personnes semblaient prendre un malin plaisir à l’écraser sous ses yeux et à le détruire à coup de répliques et lois plus que débiles, vive la liberté d’expression. Mais la question ne se trouvait pas là pour le moment, et on ne lui demandait rien, si ce n’était de regarder l’anglais en caressant son chat, dont le seul but dans la vie semblait être de ronronner dès que quelqu’un lui gratouillait la tête, en faisant un semblant de sourire. Effrayant.

…Non ce qui était effrayant, c’est l’autre bouffon en train de gesticuler dans tous les sens, en faisant on ne sait pas trop quoi en lançant des paroles plus qu’étranges. Wow. Il se prend pour une tribu ancienne à lui tout seul en train de faire le rituel de la pluie ? Dommage pour lui, le Russe n’avait pas de pagne à sa disposition. Sinon il le lui aurait bien offert. Quelle générosité. Bon il se serait certainement agit de quelques fougères maladroitement collées ensemble, mais en même temps, il n’avait pas trop de quoi se payer un pagne de luxe hein. Il avait déjà du mal à suivre avec l’électricité, faut pas lui en demander de trop. Générosité ? C’est pas vraiment son truc non. Pas qu’il ne veut pas l’être, mais plus qu’il ne PEUT pas l’être, c’est totalement différent. Vous saisissez la nuance ? ( Faut quand même pas vous faire un dessin non plus ?) Et avec ça, il avait toujours pas fini de gesticuler. …Hm. Peut-être qu’il avait froid, n’osait pas le dire et donc se dépensait pour essayer d’avoir un peu plus de chaleur ? Possible.

Bah. On s’en fiche, Vodka, le chat ici présent au superbe non qu’on ne conteste pas, sous aucun prétexte, était nettement plus intéressant après mûre réflexion. Sauf qu’il est assez dur de rester concentré sur les petites oreilles toute meugnonne et pelucheuse de l’adorable félin ronronnant toujours lorsque…lorsqu’un type, qui s’est invité, se jette contre un pan de votre mur. Waw. Si il veut se jeter contre les murs…qu’il le fasse à l’asile hein. Je sais qu’on a parfois quelques cas mentaux pas mal dans ce pays, mais quand même. …Son but final semblait être de DETRUIRE une partie du mur. …il se croit où celui là ? S’il voulait refaire sa maison, il aurait appelé quelqu’un d’autre. Si son interlocuteur ne sait déjà pas faire la cuisine correctement, il ne valait mieux pas lui demander de devenir architecte d’intérieur. Trop éberlué pour dire quoique ce soit, le russe le regarda faire, clignant des yeux, se demandant s’il n’était pas en train de rêver.

Sincèrement. Qui oserait. QUI. OSERAIT. QUIIIIIIIIIIIII. OSE…okay on a compris. Bref, qui oserait s’en prendre à quoique ce soit qui lui appartienne ? Tous ceux qui avaient, ne serait-ce qu’essayé, avaient fini généralement leurs jours dans d’atroces souffrances. L’étranglement serait peut-être la meilleure des manières cette-fois ci. Sauf que, avant même qu’il ait pu dire quoique ce soit, ou faire même, le blond s’était…s’était défilé. Waw. Quel courage. Maintenant l’expression « filer à l’anglaise » prenait tout son sens. Mais il n’allait pas non plus le laisser faire comme ça. Reposant son chat à terre, qui d’ailleurs essaya de le suivre du mieux qu’il le pût, Ivan essaya de rattraper l’anglais, ce qu’il arriva à faire, une fois que ce dernier eut atteint la porte d’entrée. Finalement, mesurer dans le mètre huitante et avoir des longues jambes, c’était pratique de temps à autre. Ce qui était encore plus pratique, c’était d’avoir un robinet, pour pouvoir menacer les gens et surtout, les arrêter en leur mettant l’embout sous la gorge, les empêchant d’aller plus loin, au risque de s’étouffer. Cause de la mort : « étouffement par robinet ». Magnifique non ? Quoiqu’il en soit, le russe afficha son éternel sourire sur ses lèvres, fermant un peu les yeux et mettant sa tête sur le côté.

« -Je n’aime que moyennement les courant d’air~ Tu ne pensais quand même pas t’en sortir avec ta magie à deux balles en faisant un trou dans mon mur pour arranger les choses, da ? »

Il resta quelques instants dans la même position, le regardant, avant de retirer son bâton magique ( well, surnom trop beau) et de préférer…tirer l’anglais par le col jusqu’à le ramener devant le trou, à la manière d’un chien qui aurait fait un gaffe, ouais. D’ailleurs à mi-chemin, le pauvre félin qui était toujours en train de se dépêcher pour pouvoir rejoindre son maître dû se résigner à faire demi-tour en voyant que la destination avait changé. Ceci dit, le blond (…n°1 on va l’appeler, donc le plus grand, donc Ivan) une fois qu’il relâcha blond n°2, devant le trou… Le…Le trou se reboucha de lui-même, sous leurs yeux. Et pas genre avec le même matériau ni la même couleur que le reste du mur. Nan, ce serait trop beau. Là c’était avec des briques d’un rose pâle du plus bel effet. Ahahah. Non pas drôle. Bon. Deux solutions. Soit faire genre « Oh mon dieu un mur est apparu ! » ou…non la deuxième option était la meilleure. Reposant son regard sur l’anglais, et croisant les bras, Ivan reprit la parole

« -Et là, j’imagine que le problème est toujours réglé ? »

Bon au moins il n’avait plus de trou dans son mur. Mais le problème du portail…Allez savoir. C’était pas lui qui se prétendait magicien hein. Lui il ne faisait que pointer son nez quand on essayait de faire des invocations, et s’asseoir sur les chaises soi-disant maléfiques. Tournant légèrement la tête vers la fenêtre, et remarquant par la même occasion qu’une légère neige s’était mise à tomber, il plissa légèrement les yeux, voyant une silhouette au loin, se rapprocher.

« -Ufu~ On aurait un autre invité ? »

A peine avait-il prononcé sa dernière phrase qu’Ivan plissait légèrement un peu plus les yeux. A mieux y regarder, la silhouette lui disait vaguement quelque chose. Cependant, et il s’en souvenait bien, il n’avait strictement rien de prévu aujourd’hui. Du moins, il n’était censé voir personne. Maintenant il n’allait pas non plus cracher sur un peu de compagnie en plus. Même si le personnage en question n’était pas des plus…appréciable ? Mais bon. Le problème n°1 pour le moment était le mu… …. … Ça vole les anglais maintenant ? …Ca CASSE surtout les fenêtres en plus des murs. Et après ça se dit gentleman. …Quoique, casser des fenêtres, c’est pas grand-chose à côté de « NYEH. JE SAUTE ET J AGRESSE LE PREMIER INCONNU. » au moins dans son pays, on trouvait toujours une raison –même risible- avant d’agresser quelqu’un. Apparemment, pour l’anglais c’était même inutile, pas besoin de se fatiguer.

Bon. C’est pas pour dire, mais c’était la deuxième fenêtre cassée de la journée. Sauf que ce n’était pas de sa faute cette fois-ci. Soupirant, le blond allait inspecter les dégâts, alors que son ancien interlocuteur s’égosillait en bas, avant d’entendre la réponse, et surtout la voix de l’agressé. Premièrement, il ne faisait aucun doute qu’il lui répondait en russe, et deuxièmement… deuxièmement il ne faisait désormais plus aucun doute sur l’identité de la personne maintenant. Et Ivan pouvait bel et bien affirmer que la personne sur laquelle l’anglais avait injustement bondit était son boss. Ce qui en soit, mis à part si Arthur voulait déclencher la troisième Guerre Mondiale, était une très mauvaise idée. Très TRES mauvaise idée.

Ne perdant pas de temps – et vu qu’il était hors de question qu’il saute lui aussi par la fenêtre- le russe fit une nouvelle fois demi-tour, cette fois-ci en courant, retraversant la bâtisse, et recroisant au passage Vodka qui, ne comprenant strictement plus rien à la situation, ni où il était censé aller, sembla se dire qu’au lieu d’essayer de suivre les deux pignoufs partout, il allait attendre couché en plein milieu du couloir qu’ils aient fini de gesticuler en allant partout avant de les rejoindre. Enfin, la plus grande et sublissime nation ne tarda pas à arriver auprès des deux autres personnes, l’anglais ne voulant visiblement toujours pas lâcher prise. Bon. On allait pas y aller par quatre chemins non plus. Pensant plus à agir en vitesse qu’autre chose, il ne se gêna pas pour prendre l’autre nation par-dessous les épaules et le tirer en arrière, le forçant à lâcher prise. Couleuh. Maintenant il allait pouvoir essayer de faire le médiateur et de calmer les esprits de tout le monde.

« -Eeh…Il s’agit certainement d’un quiproquo… »

Mauvais choix. Vu la tête du nouveau venu, qui était en train de se relever en s’époussetant, il aurait mieux fait de ne pas commencer par s’exprimer en Anglais. Fermant un instant les yeux, et lâchant un infime soupir, sans relâcher pour autant  l’autre nation, le blond aux yeux pourpre prit le temps de s’exprimer dans sa langue natale, essayant tant bien que mal de faire passer le geste de l’anglais pour une erreur. Ce qui ne sembla pas franchement convaincre son boss à vrai dire. En même temps le coup du « Il a sauté par la fenêtre et est tombé juuuuuste par hasaaaard sur vouuuuus » …ca passait assez mal. Niveau crédibilité, on avait déjà vu mieux. Et son interlocuteur le lui fit bien comprendre, avant de lui ordonner de lâcher l’autre blond. –on ne sait pas où ça avait pu traîner hein.- Ivan hésita à s’exécuter durant quelques secondes, de trop et décida même durant quelques instants de resserrer sa prise. Deuxième mauvais choix. La claque ne tarda pas à arriver, résonnant durant quelques infimes secondes. Lentement, le russe lâcha prise, laissant glisser ses mains, jusqu’à avoir ses bras le long du corps. Il aurait bien voulu s’excuser auprès de l’anglais, sachant qu’il allait certainement y passer lui aussi d’une manière ou d’une autre, ou au moins lui lancer un regard d’excuse, mais il s’y résigna et se contenta de raccrocher son habituel sourire à ses lèvres, faisant comme si rien ne s’était passé. Il n’avait pas d’autre choix d’ailleurs. Son- ô combien léger-mouvement de révolte n’avait pas tardé à être étouffé, mais ce n’était pas si grave que ça au fond, autant bien paraître.

La nation se contenta donc de s’écarter de quelques pas de l’autre blond, sait-on jamais, les bras derrière le dos, et souriant toujours légèrement, fixant une branche un peu plus loin, à la hauteur de son regard. Vachement intéressant. Mais en même temps, c’était toujours mieux que de devoir expliquer le pourquoi de la venue de l’anglais. Il n’était pas certain que ce soit une trèèès bonne idée de dire à son boss qu’il avait actuellement un passage direct avec l’Angleterre, et peut-être vice-versa. Malheureusement, le boss en question n’était pas si stupide que ça, et il enchaîna de suite avec la question redoutée, espérant visiblement une réponse directe de l’autre nation, étant donné qu’il la fixait. Sauf qu’aux dernières nouvelles, Ivan n’avait pas la moindre impression qu’Arthur ne comprenait –et parlait encore moins- le Russe. Génial, il allait encore pouvoir servir de traducteur. Parce que bien que son supérieur comprenne parfaitement l’anglais, il se refusait à le parler, quelles que soient les circonstances.

« -Eh…Il te demande ce que tu…viens faire ici. »

Priant intérieurement pour que son collègue invente sur place une excuse, aussi débile soit-elle tant qu’elle tenait un minimum la route, Ivan fixa le blond quelques secondes, avant que son attention ne soit attiré par la troisième personne présente, qui avait visiblement décidé de monopoliser une fois de plus la parole, s’énervant sur place et pointant d’un doigt accusateur le blond aux yeux vert. Cette fois-ci, Ivan préféra fixer le sol –ô de la neige.- se remettant à faire l’interprète.

« -…Il te fait savoir que ton acte est répréhensible de plusieurs années d’emprisonnement et qu’il veut en parler à ta dirigeante. »

Fixant toujours le sol, avec son éternel sourire, après tout c’est pas interdit de sourire et de converser du regard avec le sol hein, Ivan garda les bras croisés derrière son dos, avant de relever la tête en entendant de nouveaux bruit de pas. Well. La situation se corsait on pouvait dire, mais il était plus que prévisible que son boss ne se soit pas déplacé seul. Un garde du corps, ressemblant plus à une brute épaisse qu’autre chose, venait d’arriver à ses côtés, et n’avait pas l’air du tout de vouloir sourire au sol, ou de sauter par une fenêtre, lui. Arthur, quoique tu dises, ça a intérêt à leur plaire.